Temps d'arrêt chez nos amis made in Taiwan 13 mars 2013, Hsinshu, Taiwan
Serions-nous passés par Taïwan si cela n'avait été de nos amis Carrie et Aaron, rencontrés un an plus tôt en Australie alors que nous avions partagé un appartement à Cairns pendant une courte semaine? Sans doute pas. Après avoir bougé beaucoup ces dernières semaines au Japon, nous avions besoin d'un temps d'arrêt pour refaire le plein, pour que Martin puisse donner un bon coup et abattre du boulot, et pour que je puisse prendre soin d'une blessure au dos de plus en plus insupportable. Taïwan s'est révélée être la destination économique parfaite pour cet arrêt aux puits.
Aaron nous avait offert de venir nous chercher directement à l'aéroport, donc nous n'avions à nous occuper de rien. Paradoxalement, cela a compliqué notre passage à l'immigration puisque nous n'avions pas l'adresse exacte d'où nous logerions. Impossible pour nous d'inscrire ce renseignement sur notre formulaire d'arrivée. La dame à l'immigration nous référa donc à ses supérieurs. Habituellement, ce n'est jamais bon signe.
Quand on essaya d'expliquer qu'on allait loger chez des amis, ils nous demandèrent alors le numéro de téléphone de nos hôtes afin d'entrer en contact avec eux. Nous ne l'avions pas sur nous. En fait, Martin l'avait dans ses courriels mais on nous refusa l'accès à Internet pour obtenir cette précieuse information. «We don't have Internet here» qu'on nous dit. «Me semble, oui!» qu'on se disait (entre nous, pour ne pas empirer la situation). On leur expliqua à maintes reprises que nos hôtes se trouvaient juste de l'autre côté de la porte et ils décidèrent enfin de les appeler à l'intercom afin de pouvoir les interroger. Il y avait par contre un petit problème: nous ne connaissions pas leurs véritables noms! Aaron et Carrie, ce sont les «noms américains» que nos amis utilisent afin de faciliter les échanges avec les personnes qui ne parlent pas le mandarin puisque leur «vrais noms» sont plutôt difficiles à prononcer pour de pauvres francophones comme nous.
Donc en gros, on se retrouvait à expliquer aux agents que nous allions loger chez des Taïwanais dont nous ignorions l'adresse, le numéro de téléphone et même le véritable nom. Super!
Après plusieurs appels sans réponse pour «Aaron and Carrie» à l'intercom, et autant de «there's no Aaron and Carrie» adressés à nous sur un ton fort peu sympathique, ils réussirent enfin à les localiser. Les agents avaient quasiment l'air déçus que notre histoire tienne finalement debout et estampillèrent nos passeports en vitesse.
Une fois l'immigration franchie, nous avons enfin été accueillis par nos copains taïwanais. On était heureux de se revoir comme si on étaient potes depuis toujours.
Pour notre plus grand bonheur, nos amis avaient tout planifié. Un petit appartement nous attendait à 5 minutes de chez eux, qu'ils avaient pris soin d'équiper avec le nécessaire pour qu'on puisse y cuisiner, une connexion Internet pour le travail et un téléphone cellulaire prêt à être utilisé. Même le papier de toilette et les brosses à dents neuves étaient là. Ils nous ont prêté un scooter pour faciliter nos déplacements, et ont emprunté la voiture de leurs parents en attendant. Ils nous ont préparé des petites cartes avec les symboles chinois dont nous aurions besoin, comme le mot «végétarien», pour bien nous faire comprendre puisque la majorité taïwanaise (du moins, celle qu'on a rencontré) ne parle pas un mot d'anglais. Le premier matin, nous avions même un déjeuner qui nous attendait dans un sac devant la porte de l'appartement, nos amis étant venus le porter avant de débuter leur journée de travail. Ces attentions exceptionnelles se sont poursuivies tout au long de notre séjour de trois semaines.
À la découverte de Taïwan avec nos amis Carrie et Aaron
En dehors des obligations, nous avons quand même pris le temps de visiter un peu Taïwan. Y a-t-il meilleure façon de voyager qu'avec des natifs du pays que l'on découvre? Nous nous attendions à voir un pays hyper industrialisé étant donné qu'il est notre producteur de bébelles national, mais ça ne nous a pas frappé. Ici, pas plus de cochonneries cheap qu'ailleurs en Asie, et on porte fièrement l'étiquette «made in Taiwan». On a plutôt réalisé que Taïwan est un pays qui a de très beaux paysages à offrir et plusieurs lieux culturels forts intéressants, tout cela étant malheureusement mal connu chez une majorité de voyageurs. Nos amis nous ont généreusement fait découvrir leurs endroits favoris, leur village natal, et nous ont même invité dans leur famille, autant de moments précieux absolument mémorables.
Le cas du dos
Mes petits problèmes n'intéressent sans doute personne, et avec raison. Ce qui est intéressant toutefois dans cette histoire, c'est de découvrir de quelle façon (et à quel prix) on peut se faire soigner à l'étranger. Donc, pour faire une histoire courte, je me suis blessée au dos en travaillant au IGA en Australie. Mon environnement de travail n'étant pas bien adapté, je devais constamment effectuer mes tâches en étant penchée légèrement vers l'avant, ce qui m'a créé une douleur au bas du dos à laquelle je n'ai alors pas fait attention. Plusieurs mois plus tard et avec au compteur bien des efforts physiques (de la randonnée dans la jungle à l'ascension de plusieurs volcans en passant par le transport de mon gros sac à dos de voyage) et quelques chutes (en planche à neige), j'en suis venue à avoir de la difficulté à me mouvoir et à m'endurer. J'ai donc testé pour vous, mesdames et messieurs, différents spécialistes dans deux pays.
Au Japon, c'est le chiro que j'ai choisi d'essayer en premier. Trouver des services en anglais dans ce pays, ce n'est pas de la petite bière! On est devenus de grands experts du mime à force de voyager, mais quand il s'agit de la santé, expliquer nos maux avec des mots, ça facilite la tâche. On a trouvé assez facilement sur Internet un site en anglais d'une clinique de chiropractie. Sans doute parce que cette technique n'est pas reconnue au Japon, les praticiens ont étudié à l'étranger, parlent un excellent anglais, et reçoivent une clientèle majoritairement d'outre-mer. Le coût? Comparable à chez nous, mais remboursable par mes assurances puisque j'ai pu le faire passer comme un soin d'urgence, ce qui n'était pas faux étant donné le niveau de douleur.
La chiropractie n'ayant pas été suffisante dans mon cas, et la douleur étant insupportable, il fallait trouver une autre solution à Taïwan. Nos amis nous ont conduits à une clinique de physiothérapie où ils ont joué aux traducteurs. Là-bas, après avoir rapidement répondu à deux trois questions, on m'a proposé une injection dans le dos. Wao! Minute moumoutte! J'ai préféré tout essayer avant, à raison de plusieurs séances par semaine. Les étirements, les électro-chocs, les massages, les espèces de radiations. À environ 3$ la visite, je pouvais bien me le permettre. Tout le monde était bien gentil et professionnel, mais j'avais un peu l'impression qu'on me faisait n'importe quoi sans m'avoir évalué correctement. Au bout du compte, mon état s'est empiré. Assise, debout, couchée, la douleur était insoutenable. J'aurais payé cher pour avoir l'expertise d'un professionnel de chez nous. Désespérée et à bout, j'ai accepté ma dernière option: l'injection. Le docteur a écrit plusieurs mots en chinois pour me faire comprendre ce qui allait m'être administré, mais évidemment, ça ne me disait rien, c'était du chinois! Il a repris le papier et a inscrit en anglais: «steroids». Ce mot donne un peu la chienne n'est-ce pas? Mais on m'a assuré que c'était une pratique courante, et j'ai eu du temps pour lire sur Internet avant de recevoir la dose. Carrie avait reçu la même injection miraculeuse quelques années plus tôt et m'incitait fortement depuis le début à la prendre. Assez la souffrance! Finalement, aucune douleur, mais aucune amélioration non plus. Cela n'a servi qu'à donner du matériel à jokes à Martin, qui m'a rapidement rebaptisée Ben Johnson.
Finalement, Martin a remarqué une petite clinique d'acupuncture juste à côté de notre appartement. La dame a pu me recevoir tout de suite. Après une séance d'une quinzaine de minutes au coût de 5$, je sentais déjà une amélioration. C'était merveilleux, enfin! J'y suis retournée tous les jours jusqu'à notre départ, et la douleur a diminuée considérablement. Je ne suis toutefois réparée qu'à environ 50% selon ses dires. Il faudra que j'y aille molo pour le reste du voyage.
La morale de cette histoire, c'est que bien que ça ne soit jamais agréable d'avoir des pépins de santé à l'étranger (ni chez soi d'ailleurs), il faut faire confiance à l'expertise et aux techniques locales. Pour ma part, l'acupuncture aura été une véritable révélation.
Ben (Myrand, pas Johnson)
Une chose qui est particulièrement magique en voyage, c'est de retrouver, à l'autre bout du monde, des gens qu'on connait de chez nous. Par l'entremise de Facebook, je savais que mon copain Ben, originaire de l'Abitibi et rencontré au Cégep de Lévis plus de dix ans plus tôt, voyageait en Asie lui aussi. Nous avons communiqué ensemble et avons réalisé que nous serions à Taïwan en même temps. En fait, après un voyage à vélo avec son frère en Asie du Sud-Est, Ben s'est arrêté à Taïwan l'espace de quelques mois pour ses études. On m'aurait dit à l'époque de mes études en Arts que je dormirais chez l'habitant à Taïwan dix ans plus tard avec Ben, je n'y aurais pas cru. Nous avons passé, Martin et moi, de très agréables moments en compagnie de ce voyageur expérimenté.
Le travail...
Mon copain travaille dur, mon copain travaille fort, mon copain est toujours aussi passionné par ce qu'il fait et motivé par son travail. C'est grâce à lui que nous vivons cette merveilleuse aventure autour du monde, grâce à sa discipline, grâce à son intelligence. C'est aussi grâce à ses clients qui lui sont fidèles et qui lui font confiance, grâce à ces gens, tous aussi passionnés que Martin, qui sont ouverts, flexibles et compréhensifs. Merci de rendre notre rêve possible.
...versus les temps libres
Pour ma part, j'aurais bien aimé être d'une quelconque utilité dans le travail de mon amoureux et alléger sa tâche, mais il n'y a visiblement pas grand chose que je puisse faire. Mes temps libres me servent donc de temps de réflexion. Ce voyage m'aide à me rapprocher de moi-même. En sortant du tourbillon du quotidien, j'arrive à jeter un regard très clair sur ce que je suis, ce que je veux et ce que je ne veux plus. Je pense de plus en plus au retour, à la carrière qui m'attend, à fonder une famille. Je me questionne sur mes objectifs du retour. J'ai peur d'être aspirée de nouveau. J'étais tellement, tellement loin de moi quand nous sommes partis. Je n'aurais même plus su comment répondre à la question «quels sont tes intérêts?». Ce voyage m'a permis de renouer avec mes valeurs et mes passions. En rédigeant ce blogue, j'ai redécouvert le plaisir d'écrire, et découvert celui d'être lue. J'ai également recommencé à créer avec mes mains, en apprenant par moi-même le crochet et le tricot. Voilà seulement deux exemples parmi bien d'autres. Ce voyage représente pour moi bien plus qu'un nombre de pays visités ou qu'un nombre de jours à l'étranger. Ce voyage, bien avant d'aller à la rencontre des autres, est pour moi une façon d'aller à ma propre rencontre.
Nos trois semaines d'arrêt à Taïwan auront fait un grand bien à tous les niveaux: corps, esprit et porte-feuille!