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Blogue de voyage d'Emilie & Martin

24 heures dans un bordel 22 avril 2013, Bangkok, Thaïlande

Comme à l'habitude, nous avons utilisé un service en ligne pour la réservation de notre hôtel. Il en existe plusieurs, mais pour l'Asie, le site Agoda.com est très bon. Dans plusieurs circonstances, il est plus pratique de réserver sa chambre par Internet que de se promener de tous bords tous côtés avec avec nos sacs à dos. On sauve ainsi temps et argent, car en effet, dans plusieurs hôtels, la location de chambre revient moins cher avec une réservation en ligne que lorsqu'on paye directement sur place. Il est facile de magasiner sa chambre en ligne puisqu'on voit des photos de l'endroit, on peut lire les commentaires des gens qui y ont dormi avant nous, et il est facile de vérifier le positionnement de l'hôtel grâce à Google Cartes.

Pour des raisons pratiques, nous avons choisi de passer les quelques 24 heures séparant nos deux vols Chiang Mai - Bangkok et Bangkok - Phuket dans un hôtel près de l'aéroport. Pas de tourisme, que du repos et du travail avant de repartir. Nous avons vu le centre-ville de Bangkok il y a moins d'une semaine, et nous y retournerons quelques jours dans deux semaines. Avant qu'on se le dise, Martin et moi avions arrêté nos recherches respectives sur le même hôtel, le Pretty Resort Hotel and Spa, un endroit magnifique avec Wi-fi, air climatisé et à quelques kilomètres de l'aéroport, le tout pour 17 $CAD/nuit. Tout semblait parfait.

Après un trajet en taxi un peu plus long que prévu, nous sommes arrivés à l'hôtel, situé dans un réel trou perdu. Mais est-ce que les hôtels près des aéroports ne sont pas tous un peu perdus? La devanture était magnifique, très différente des hôtels que nous avons fréquentés jusqu'à présent. Les éléments de décoration rappelaient ceux d'un palais. Ce soir, nous dormirions comme des rois.

Une fois le portail franchi, l'ambiance n'était pas celle à laquelle on se serait attendue dans un palais. Le calme et la classe n'étaient pas au rendez-vous. Dans le grand hall d'entrée garnis de nombreux divans en cuir, une horde de jeunes filles riants à gorge déployée occupait l'espace commun, les unes étendues de tout leur long, d'autres bouffant leur repas une grosse liqueur à la main et plusieurs se maquillant outrageusement. Ces jeunes filles se sont payé de petites vacances entre amies et se préparent à sortir dans les bars, me suis-je dis. Martin quant à lui s'est exclamé: «j'espère que ce sera plus tranquille que ça dans notre chambre». C'était comme une clientèle d'auberge jeunesse dans un hôtel de monsieur…

Une cour intérieure splendide avec végétation, bassin et chute d'eau nous mena à notre chambre. Wow! La classe! La chambre ne nous a pas déçu non plus, sans doute la plus belle chambre d'hôtel que nous n'ayons jamais eue. Un peu étrange toutefois ce matelas en cuirette dur comme de la roche. Jamais de ma vie je n'ai vu de matelas avec un tel recouvrement. Bon, pour une nuit, cela fera très bien l'affaire.

Après une petite sortie au restaurant pour enfin remplir notre ventre vide, aussi vide que le seul restaurant du coin, voisin de l'hôtel, nous sommes revenus pour nous pieuter comme on dit. C'est à ce moment qu'on a remarqué pour la première fois que le mur extérieur de l'hôtel, sa façade, était orné des photos des chambres en format géant. Hé ben, concept intéressant, on pouvait choisir son numéro de chambre avant d'entrer! On s'est approché pour comparer notre chambre aux autres. Quelle surprise quand on a constaté que la moitié des chambres étaient décorées avec d'énormes affiches sur lesquelles figuraient des femmes nues, avec des attributs, ma foie, aussi énormes que l'affiche elle-même. Ça nous a plutôt fait rire. Décidément, cet hôtel était vraiment étrange. Les filles étaient toujours dans le hall lorsque nous sommes montés nous coucher. Martin s'est exclamé: «Il y a quelque chose qui me dit que ces filles-là ne font pas partie d'une équipe de volley ball.»

Ce matin, après une bonne nuit tranquille sur notre brique en cuirette, nous avons quitté la chambre à l'heure prévue. Nous «squatterions» le hall à notre tour pour profiter de l'Internet gratuit jusqu'en fin d'après-midi environ, pour ensuite se rediriger vers l'aéroport. Les filles étaient toujours là! Est-ce que c'était les mêmes? Difficile à dire. Mais encore une dizaine de jolies Thaïlandaises, vêtues de robes légères et de talons hauts, bien maquillées et joliment coiffées, occupaient les divans de cuir disposés en U. Pour la première fois, je remarquais les deux pictogrammes indiquant l'interdiction de prendre des photos sur les poutres délimitants cette section. Le peu de doutes qu'il nous restait sur le fait que nous étions dans un bordel commençait à se dissiper. Pourtant, nous n'avions encore vu aucun homme dans l'établissement. L'avant-midi a passé doucement, en observant l'étrange ballet des filles se pomponnant et ricanant comme à la veille d'un bal de finissants.

Puis, un homme est entré. Les filles se sont redressées sur leur siège, ont posé leurs liqueurs sur les tables basses, leurs téléphones intelligents dans leur sac à main, et se sont tues. De l'autre coin de la pièce, j'ai observé la scène cachée uniquement par mon écran d'ordinateur. L'homme s'est assis dans la section des tables, où nous étions Martin et moi, tout juste devant la section des divans en U. Sur la chaise lui faisant face, la réceptionniste de l'hôtel, elle aussi jeune et jolie. En thaï, ils se sont mis à discuter des filles. À ce moment, je savais comme par magie comprendre le thaï. La réceptionniste décrivait les filles à l'homme, qui les regardait les unes après les autres. Après une discussion de quelques minutes, l'homme a sorti sont porte-feuille et a payé la réceptionniste. Celle-ci à nommé à voix haute l'une des filles, qui s'est levée et est venue saluer l'homme poliment. En silence, ils ont tous deux quitté le hall en direction des chambres. Une fois la porte close, les filles ont recommencé à papoter comme si tout était normal. Martin et moi, on n'en revenait pas de ce que venait de se passer sous nos yeux.

Une heure plus tard, le «couple» a franchi la porte du hall, l'homme visiblement plus détendu. Lui a quitté, elle, a repris sa place sur le divan. Les hommes se sont succédés comme cela tout l'après-midi, avec un taux d'achalandage nettement plus élevé en fin d'après-midi. Lorsque nous avons quitté, enfin, ils étaient trois hommes à se disputer les filles encore disponibles. Le plus vieux et le plus laid de tous a choisi la plus menue et la plus jeune des filles, qui elle, a regardé ses amies en grimaçant. Les épaules basses, elle a suivi l'homme, qui aurait pu facilement passer pour son grand-père.

Fin de notre expérience dans un bordel.

Il y a déjà plusieurs heures que nous avons quitté les lieux, mais j'en suis encore troublée. Je pense à ces filles si jeunes qui devraient, avec toute la candeur du monde, découvrir la sexualité en s'offrant à une flamme de leur âge. Mais non, elles se vendent à des hommes qui ont trois fois leur âge. Pourquoi? J'aurais bien aimé pouvoir discuter avec elles et connaître leur histoire. Tout ce que je sais, c'est que la prostitution en Thaïlande est outrageusement acceptée socialement. Partout au pays, cela se fait sans aucune cachette. Quand je suis venue au pays il y a 7 ans, j'avais été dégoutée de voir tous ces occidentaux bedonnants avec à leur bras une jolie Thaïlandaise. Mais aujourd'hui, je crois que mon niveau de dégoût est multiplié par dix. Non seulement la prostitution est tellement acceptée et tellement normale qu'on ose mélanger une clientèle «régulière» à une clientèle «à l'heure», mais en plus, certaines employées y amènent leurs enfants. J'ai littéralement eu un haut-le-coeur quand j'ai vu ce petit bonhomme courir entre la rangée de jeunes femmes et les «clients». 

Décidément, cet endroit était très étrange, et malheureusement, il est aussi le reflet de ce qui se passe un peu partout au pays.

C'est avec ces images choquantes en tête que je m'en vais dormir aux bras de l'homme que j'aime.

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